Ce conflit, l’un des plus anciens de notre temps, surabondamment couvert par les médias, est absorbé tout entier, en particulier depuis 1967, par l’actualité d’un interminable affrontement. En revanche, sa genèse est enfouie sous les strates d’une histoire mythifiée.
L’émergence du nationalisme juif dans la seconde moitié du XIXe siècle bouscule un Proche-Orient où le nationalisme arabe n’en est qu’à ses balbutiements. C’est au sortir de la Première Guerre mondiale que le conflit se cristallise, qui est non pas seulement le choc de deux nationalismes, mais un affrontement culturel recouvert par un « conflit religieux » (islam versus judaïsme) et d’innombrables polémiques sur la « nature » du projet sioniste. Les origines d’un conflit aussi mobilisateur et médiatisé mettent plus encore en lumière l’importance de l’histoire culturelle et de l’anthropologie, et soulignent combien la propagande, si souvent convoquée ici, se situe à mille lieues d’une connaissance historique véritable et enracinée dans la longue mémoire des peuples.
Depuis cent quarante ans, aucun des schémas explicatifs classiques (du « nationalisme » au « colonialisme » en passant par l’« impérialisme ») ne parvient vraiment à rendre compte des causes d’un affrontement qui n’a pas trouvé à ce jour d’issue véritable. C’est en étudiant la façon dont, dans la « Palestine » de la seconde moitié du XIXe siècle, le conflit prend forme à la fois au sein des élites arabes, dans la vieille communauté séfarade et parmi les sionistes d’Europe orientale que se dessinent les enjeux et les discours du XXe siècle. L’origine de l’événement recèle en effet une vérité profonde qui, sans déterminisme, indique en creux sa direction ultérieure.
Ce petit livre de la collection “Que sais-je ?” doit être lu par les journalistes qui commentent le conflit.